Budget de l’Éducation Nationale 2023, la Macronie passe en force en utilisant le 49.3

Que penser d’un gouvernement qui nie le dialogue social, supprime les instances paritaires, et impose sa vision de la société sans en écouter les acteurs ? Dans une époque où l’extrême droite se développe chez nos voisins européens et dans les urnes en France, il est important de rester vigilant

Une fois encore, le gouvernement nous sort sa technique de néo management qui consiste à utiliser des termes valorisants pour désigner des actions néfastes. Comment alors être « opposé » à un gouvernement qui va consacrer 3,7 milliards d’Euros de plus que l’an passé ? Comment s’offusquer lorsqu’on prévoit d’augmenter de 10 % en moyenne les salaires des enseignant·es à la rentrée 2023 ? de revaloriser de 3,5 % le point d’indice ? Imaginez, 935 millions de hausses de salaires ! C’est formidable vous ne trouvez pas ?
Alors lorsque ce merveilleux gouvernement sort en plus de son chapeau une hausse de 80 millions d’euros de fonds destinés à revaloriser les AESH pour leur permettre aussi de voir leur salaire de misère augmenté de 10 %, alors presque on a envie de leur dire merci, non ?

Pour autant la réalité est bien plus sombre que ce qu’il n’y paraît.
La réalité c’est que augmenter de 3,5 % le point d’indice, ça ne compense pas l’inflation qui va atteindre 7 %, et le gel des salaires depuis 12 ans. Les enseignant·es ne sont pas des privilégié·es, et les fins de mois pour iels aussi deviennent difficiles.
La réalité c’est que si le gouvernement décide d’augmenter de 10 % les AESH et qu’il s’engage même à en recruter l’équivalent de 4 000 emplois temps pleins, c’est pour répondre aux besoins et ce n’est pas un cadeau ! Le gouvernement a voulu une école inclusive, à lui d’y mettre les moyens !

La crise du recrutement n’est pas sortie de nulle part ! Lorsqu’on recrute des employé·es à bac+5, avec un temps de travail reconnu par le ministère à plus de 40 heures par semaine, dont les soirs et les week-ends, même s’iels ne sont que 24 heures devant élèves, qu’on ne les paie que 1,2 SMIC (contre 2,3 SMIC en 1980), eh bien étrangement, on ne trouve pas de candidat·es…
La solution avancée par Emmanuel Macron et Pap Ndiaye de revaloriser une partie des enseignants et de proposer aux autres de travailler plus pour gagner plus est inacceptable. Cette rémunération au contrat, et la prochaine mise en concurrence des écoles sous couvert d’innovation pédagogique pour obtenir les moyens de travailler est inqualifiable. La FSU-SNUipp s’opposera à cette vision manageriale de notre métier.

Une autre réalité c’est que le gouvernement Macron a une vision capitaliste de l’école. Il ne cherche pas la qualité mais la rentabilité. La baisse démographique vécue dans les écoles induit une baisse du nombre d’élève dans les classes. Là où certains comme le SNUipp-FSU verraient une opportunité pour mieux apprendre, et alors même que la volonté des 24 élèves par classe en GS CP et CE1 va dans ce sens, ce seront pourtant 1 985 postes d’enseignant·es qui seront supprimés à la rentrée 2023.

Voilà pourquoi le gouvernement a coupé court aux arguments des défenseurs de l’École à l’Assemblée Nationale. En utilisant le 49.3, le gouvernement affiche clairement son mépris et malgré ses techniques manageriales aux apparences bienfaisantes, nous, professionnel·les de l’éducation ne sommes pas dupes et défendrons toujours nos élèves pour une école ambitieuse égalitaire, émancipatrice et qui vise la réussite de toustes.