Le SNUipp-FSU 79 a été reçu en audience par Mme Véronique Guggiari, nouvelle DASEN de notre département. Elle était accompagnée de Mme Dupin, DASEN adjointe et M. Stoll, Secrétaire Général.

Lorsqu’elle s’est présentée, Mme la DASEN a expliqué que dans son parcours, elle avait plus évolué dans le second degré, mais ses dernières fonctions dans le département du Loiret lui ont permis de découvrir le monde du premier degré. Ayant une formation scientifique (ancienne professeure de physique), elle se présente comme cartésienne et pragmatique et se conformera systématiquement aux textes. Aussi, elle a commencé l’entretien en nous prévenant que les décharges dérogatoires données lors des précédentes cartes scolaires à plusieurs directeur·rices du département seraient supprimées car non conformes aux textes, sauf exception pour des écoles qui rencontreraient des difficultés temporaires. Au moins, les choses sont claires, mais vu l’augmentation croissante des demandes en direction des directeurs·rices au quotidien, ça ne va pas faciliter la tâche de nos collègues en charge de ces missions.

Questions concernant le fonctionnement du dialogue social :

Concernant le « dialogue social » qu’elle souhaite instaurer avec les représentant·es des personnels, là aussi, il y aura peu de marge de manœuvre, puisque la quasi totalité des décisions sont désormais prises par la rectrice d’académie, et ce que nous constatons depuis déjà de nombreuses années, c’est que nous obtenons de moins en moins de réponses au niveau départemental. Cependant, Mme la DASEN souhaite recevoir les organisations syndicales régulièrement afin de pouvoir répondre à nos questions, et donc à VOS questions, puisque nous partons de vos demandes et des échanges que nous avons avec la profession lors des audiences ou des instances.

Nous continuerons d’investir les instances et ces moments d’échanges et nous continuerons d’accompagner au mieux les collègues qui nous solliciteront.

Nous avons rappelé à la DASEN le fonctionnement concernant la déduction des RIS sur les 108 h. Les textes sont clairs :

Chaque enseignant·e du premier degré a le droit de participer à 3 demi-journées d’information syndicale par année scolaire (soit 9 heures en tout par année scolaire).
Une des trois pourra se tenir sur le temps de présence devant élèves. Sur le temps élèves, il peut vous y être opposé "des nécessités de service". Contactez-nous dans ce cas-là.
Pour les RIS effectuées hors temps de présence des élèves, la circulaire de 2014 indique que ce temps peut être récupéré sur les 108 h (hors APC).

Extrait des textes réglementaires :
Circulaire n° 2014-120 du 16-9-2014 "Dans le cadre de la réorganisation des obligations réglementaires de service des enseignants du premier degré, [...] les RIS ont vocation à s’imputer sur l’enveloppe des 108 heures consacrées par les enseignants à des activités autres que d’enseignement"

Nous avons rappelé à Mme la DASEN que, selon les textes, il n’y avait pas d’animations plus obligatoires que d’autres.

N’hésitez pas à nous contacter si vous rencontrez des difficultés concernant la prise en compte des RIS sur vos 108 h. Nous vous accompagnerons et nous nous adresserons à l’administration pour faire respecter le droit à la formation syndicale.

Questions concernant l’organisation des écoles et du travail enseignant.

Animations pédagogiques : Nous avons aussi rappelé à la DASEN que selon les textes, ce ne sont pas les animations pédagogiques qui sont obligatoires mais les 18 h que nous devons. Malheureusement, avec les AP à public désigné et les plans français et plans maths, nous sommes nombreux·ses à ressentir la pression mise par les IEN pour que l’on participe aux animations pédagogiques « imposées ». Nous continuerons à tenir le rapport de force et à vous accompagner pour faire valoir vos droits. Contactez-nous si vous rencontrez une difficulté ou si vous avez des questions à ce sujet.

Nous avons profité de ce point pour redire que nous réclamons que les dates des animations pédagogiques soient connues le plus tôt possible, voire au moment de l’inscription (même si celle-ci est toute relative quand on est dans une AP à public désigné) et nous demandons que la liste des diverses animations pédagogiques soit accessible tout au long de l’année scolaire. Mme la DASEN, qui découvre actuellement le fonctionnement de notre département, concède que les dates des animations pédagogiques doivent être connues au plus tôt.

Inscription sur la Liste d’Aptitude Direction d’École : Les entretiens pour être inscrit·e sur la LADE ont eu lieu tout début janvier et selon un calendrier bousculé. Nous n’avons pas eu d’explication claire concernant cette modification de calendrier, si ce n’est que les collègues devaient savoir si iels étaient retenu·es avant le mouvement des personnels. Nous n’avons pas manqué de répondre que c’était le cas depuis toujours, y compris à l’époque où cette inscription sur la LADE faisait l’objet d’une présentation en CAPD. Bref. Peu d’informations nous ont été données. Nous savons cependant que des entretiens se sont mal passés.

Si c’est votre cas n’hésitez pas à nous contacter pour nous le signaler. Il est important que nous puissions avoir une vision d’ensemble pour intervenir le cas échéant.

Passeport citoyen imposé aux écoles de la commune de Thouars : Nous avons informé la DASEN que la commune de Thouars entendait imposer aux classes un projet intitulé « Passeport du civisme : Savoir donner »
Il est demandé aux enseignant·es d’inscrire leur classe dans des actions contribuant à aider des associations telles que les Restos du Cœur, la Croix Rouge, le Secours Populaire, mais aussi, n’ayons peur de rien, le Secours Catholique. Au sein de l’école publique, il y a de quoi s’étouffer.
Le courrier de la mairie, pour le moins injonctif, laisse entendre que ça n’est pas une option. Madame la DASEN a confirmé que chacun devait rester dans son champ de compétence et que la mairie ne pouvait en aucun cas imposer quoi que ce soit aux enseignant·es.

Il faut systématiquement prévenir IEN et organisations syndicales si vous recevez ce type de demandes.

En tous cas, nous invitons vivement les enseignant·es de Thouars à ne pas se laisser embarquer dans des actions non choisies.

Accompagnement des équipes : Nous avons rappelé à Mme la DASEN que nous accompagnons chaque année des enseignant·es, mais aussi des équipes qui rencontrent des difficultés et que nous souhaitons pouvoir avoir une écoute et des échanges avec la hiérarchie, propices à améliorer les conditions de travail des enseignant·es dans notre département.

Questions concernant des problématiques de carte scolaire :

Les évaluations d’écoles : Nous avons rappelé à Mme la DASEN la position du SNUipp-FSU, qui s’oppose fermement aux évaluations d’écoles, mais aussi la position de l’intersyndicale dans notre département qui appelle les équipes à ne pas rentrer dans le dispositif des évaluations d’écoles. Pas de réponse concrète quand nous avons redit que selon nous, il ne peut y avoir d’obligation de participer à ces évaluations d’écoles, mais nous avons bien compris que Mme la DASEN, qui se définit elle-même comme une spécialiste des questions d’évaluation, souhaitait vivement que les équipes s’inscrivent dans ce dispositif.

Nous avons donc rappelé notre positionnement et notre détermination à accompagner les équipes qui feraient appel à nous.

ULIS collège Melle : L’ancien DASEN avait projeté de transférer l’une des ULIS du collège de Melle vers le collège de Chef-Boutonne, afin « d’améliorer le maillage du territoire ». Madame Guggiari a mis ce projet entre parenthèse, préférant se laisser 1 an pour étudier la question, et confirmant que ce projet n’avait pas été suffisamment préparé avec les équipes des 2 collèges.
Cependant, la vision de l’inclusion que la DASEN nous a rapidement exposée n’est pas particulièrement rassurante. L’idée d’un dispositif ULIS itinérant, qui pourrait mailler une plus grande partie du territoire, avec des élèves qui sont avant tout inscrit·es dans leur classe, et qui pourraient accéder au dispositif si besoin, va dans le sens des craintes que nous avons concernant les ULIS depuis plusieurs années. A terme, il serait beaucoup moins coûteux de mettre tous·tes les élèves dans leur classe d’âge et de faire des coordo ULIS des personnels « ressource » qui viendraient aider à l’inclusion dans les classes. Quand on sait les problèmes que rencontrent les personnels itinérants pour être payés de leurs frais de déplacement, cela fait rire jaune.
Bref, là aussi, la bataille est loin d’être gagnée, même si ce répit d’un an pour nos collègues de l’ULIS de Melle est le bienvenu.

Dispositif « Notre école, faisons-la ensemble » ?
Seule une école a actuellement un projet validé. Pour le reste, nous n’avons pas réussi à savoir combien d’écoles s’étaient engagées dans ce dispositif. Nous avons prévenu que nous souhaitions avoir les chiffres au moment des instances de carte scolaire. Pour rappel, ce dispositif, émanant directement du Grenelle de l’Éducation, et qui avait été annoncé par Macron lui-même en début d’année, consistait à organiser des « débats » avec la communauté éducative pour définir « ensemble » ce que l’on veut pour l’école de demain. Les « projets innovants » émanant de ces consultations permettraient de percevoir des fonds plutôt conséquents, mais ceci au prix de force réunions et heures de travail gratis pour les directeur·rices notamment.

Pour le SNUipp-FSU ce type de dispositif vient renforcer les inégalités entre les établissements et vient renforcer l’idée d’une contractualisation des actions de l’école avec des partenaires extérieurs. Si le ministre et le président ne savent pas quoi faire de l’argent qu’ils destinent à l’école, nous avons pas mal d’idées bien plus intéressantes, à commencer par une vraie formation sur le temps de travail, des RASED complets et renforcés, des effectifs significativement réduits partout, des AESH formé·es, reconnu·es et payé·es, et j’en passe !

Modifications des horaires d’écoles.
La marche à suivre pour demander des modifications des horaires reste inchangée. La demande doit être validée en conseil d’école et en conseil municipal avant le 31 janvier, puis remonté à l’IEN pour validation et étude en CDEN.

Les délais semblent courts cette année, mais c’est encore possible. Si vous avez des questions à ce sujet, contactez-nous vite.

Projet de remaniement des circonscriptions.
Madame la DASEN semblait découvrir ce projet et il n’est à priori pas question de revoir la carte des circos pour cette carte scolaire. Nous préférions en avoir l’assurance étant donné qu’une telle modification peut avoir des conséquences, notamment sur les postes d’enseignant·es spécialisé·es, dont le rattachement pourrait changer.
Nous sommes rassuré·es, mais restons vigilant·es sur cette question.

Une présentation des résultats des évaluations 6ème a été faite auprès des maires de la circonscription de Melle. Cela nous interroge et nous souhaiterions en connaître les raisons.
Alors, au moins, la réponse a été claire. Apparemment, les résultats dans le département sont assez catastrophiques (la DASEN s’en est émue à plusieurs reprises pendant l’audience). L’une des pistes avancées pour expliquer ces difficultés est la taille des structures dans notre département (beaucoup d’écoles d’1à 3 classes) aussi, Mme la DASEN a souhaité avertir, alerter, prévenir… les élu·es qu’iels feraient bien de réfléchir aux structures scolaires sur leur territoire afin de regrouper des écoles et de favoriser les plus grosses structures.
Notre organisation syndicale a toujours défendu la présence de services publics sur tout le territoire et nous continuerons à le faire. Rien dans les études ne laisse entendre que l’on apprend moins bien dans les petites écoles rurales, bien au contraire. Nous vous invitons à aller voir les études de Pierre Champolion, que nous avions invité lors d’un stage syndical il y a quelques années.
Mme la DASEN a expliqué que ces petites écoles n’attiraient pas les candidatures lors du mouvement, ce qui est relativement faux dans notre département.

Si l’administration nous redonnait du temps pour des concertations, comme lorsque nous avions des mercredis libérés, cela nous permettrait un travail commun bénéfique, malheureusement, depuis le passage à 24 h d’enseignement et depuis la réforme des rythmes scolaires, nous passons notre temps à courir après le temps et nous n’avons plus de moments pour nous rencontrer et pour échanger.

Le fait que l’administration s’appuie sur les résultats des évaluations pour impulser des mesures de carte scolaire nous dérange particulièrement, notamment car les évaluations nationales instaurées par Jean-Michel Blanquer sont très contestables, et que les résultats ont déjà été manipulés. Il est facile de faire dire à des évaluations ce que l’on veut.

Cette nouvelle attaque contre l’école rurale est très inquiétante et nous espérons que les élu·es de notre département sauront garder la tête froide et faire le nécessaire pour continuer à assurer un accès le plus égalitaire possible à l’école sur tout le territoire.

Nous avions de nombreuses autres questions à poser à Mme la DASEN, malheureusement, elle n’avait qu’une heure à nous accorder, ce qui est bien peu. Ne nous y trompons pas, en négligeant le dialogue social avec les organisations syndicales, c’est le dialogue avec la profession qui est mis à mal. Le ministère, depuis Jean-Michel Blanquer, n’a de cesse de mettre au placard les représentant·es des personnels, et d’effacer notre rôle en créant des groupes de travail, des copil, des RH de proximité… autant de dispositifs adjoints à l’administration et non indépendants.

Vos représentant·es des personnels sont les seul·es à pouvoir s’opposer fermement si il y a abus de pouvoir, nous sommes les seul·es à pouvoir vous accompagner individuellement ou collectivement en étant complètement détaché·es de toute « loyauté » à l’IEN. Nous sommes là, non pas pour nous opposer systématiquement ou pour mettre des bâtons dans les roues de l’administration, mais pour faire en sorte que VOS droits soient respectés, et donc que NOS droits à tous·tes continuent d’exister.

Nous ne manquerons pas d’interpeller à nouveau la DASEN pour obtenir des réponses aux nombreuses questions que nous avions encore sur la direction d’école, les promotions, la formation…
En attendant, n’oubliez pas que notre décharge syndicale est avant tout du temps pour vous accompagner et pour vous représenter.

Compte-rendu d'audience avec la DASEN le 23 janvier 2023