Un rapport qui appelle une remise à plat
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Un mois après notre demande et un an après sa rédaction, le ministère
publie enfin le rapport de l’Inspection générale sur l’efficacité
pédagogique de la réforme des rythmes scolaires. Les affirmations
ministérielles au sujet du lien mécanique, voire même presque magique,
entre nouveaux rythmes scolaires et réussite des élèves se trouvent
quelque peu ébranlées.
Ainsi, en l’absence des outils d’évaluation nécessaires, l’Inspection
générale affirme qu’il est « irréaliste » de tirer la moindre conclusion
définitive. On se demande alors comment la ministre a pu prétendre que
grâce à la réforme, les élèves auraient trois semaines d’avance en
lecture au CP. Le ministère devrait éviter des formules à
l’emporte-pièce, qu’aucun indicateur objectif ne confirme.
Si le rapport indique que la matinée supplémentaire permettrait de mieux
traiter les programmes, il souligne cependant que ce sont les
fondamentaux (maths et français) qui en profitent au détriment d’autres
matières (arts, sciences et EPS notamment) pourtant essentielles dans la
construction des apprentissages. Dans ce cadre, le SNUipp-FSU
n’acceptera aucune substitution du périscolaire au scolaire.
L’enseignement de ces matières revient à l’école !
L’école maternelle est également sur la sellette. Le rapport alerte sur
une réduction de temps d‘apprentissage et « une augmentation de
l’absentéisme, [qui] si elle se confirmait, serait de nature à remettre
en question l’intérêt pédagogique de la réforme notamment en éducation
prioritaire ». De la même manière, il faut prendre très au sérieux le
sentiment de fatigue accrue des enfants dont un grand nombre
d’enseignants se font les témoins. Là aussi, nous sommes loin des
derniers propos de Manuel Valls qui voyait avec cette réforme des
enfants « moins fatigués et plus disponibles ».
Il est important de creuser sérieusement cette question pour ce qu’elle
engendrerait et qui se situe à l’opposé de l’esprit de la réforme : un
déficit de concentration et davantage d’énervement notamment en fin de
semaine.
En somme, ce rapport confirme un certain nombre de points d’alerte que
le SNUipp-FSU avait déjà fait valoir à travers ses enquêtes menées avec
les enseignants. Dès la fin 2014, nos collègues s’inquiétaient d’une
plus grande fatigue des élèves, de difficultés en maternelle, des
inégalités d’offre périscolaire liées aux capacités de financement des
communes. Ils disaient aussi que cette réforme avait dégradé leurs
conditions de travail.
Ce dossier est donc loin d’être clos. De nombreuses évolutions sont
indispensables. L’organisation de l’année, de la semaine et de la
journée doivent être remises à plat. Cela nécessite l’écriture d’un
nouveau décret sur l’aménagement des temps scolaires afin de gommer les
difficultés relevées dans ce rapport.
De plus, mieux apprendre n’est pas qu’une affaire de rythmes. Loin
de là. Le ministère doit se consacrer prioritairement aux dimensions
pédagogiques de la réussite scolaire. Cela implique, entre autres, de
faire baisser le nombre d’élèves par classes, d’amplifier le dispositif
« plus de maîtres que de classes », de recréer des postes RASED et de
proposer aux enseignants une formation continue, aujourd’hui toujours en
friche.
Paris, le 13 juin 2016